Consigne de vote pour le deuxième tour des élections présidentielles
Concernant le deuxième tour des élections présidentielles ; nous ne changeons pas notre consigne appelant à voter blanc.
Cependant, nous souhaitons apporter une précision que nous adressons à toutes celles et tous ceux, sensibles à la cause des langues régionales et d’autonomie des territoires vis-à-vis de Paris, qui pourrait tout de même être tenté par une envie de « dégagisme » (tant le quinquennat du président ne fut pas une sinécure) en votant Marine Le Pen…
Si en matière de langues régionales, d’autonomie ou de fédéralisme, nous n’attendons rien de la part d’Emmanuel Macron; nous pouvons en revanche craindre le pire avec Marine Le Pen…
Rappelons que derrière son image de sympathique éleveuse de chats, Marine Le Pen reste une dangereuse jacobine, une ennemie mortelle des langues et cultures régionales, allant jusqu’à nier l’existence d’autres identités au sein de l’hexagone.
Le principal point de fixation de Marine Le Pen et du FN/RN sur ce sujet étant la « Charte Européenne des langues régionales et minoritaires », dont la France est un des très rares pays de l’Union Européenne, à n’avoir toujours pas ratifié. Pour le parti de Mme Le Pen, la ratification de cette charte pourtant nécessaire à la promotion, à la diffusion et à la survie de nos langues, serait perçue comme « la balkanisation » de la France et « le triomphe du communautarisme ». Dans l’esprit du FN/RN, défenseurs des langues régionales et islamistes sont donc à mettre dans un même sac (!)
Dans son programme, Marine Le Pen souhaite « affirmer la suprématie des lois françaises sur le droit européen », afin d’empêcher les « textes jugés contraires à la constitution française » d’entrer en application…ce qui vaudra de tuer définitivement tout espoir de voir un jour, la Charte Européenne des langues régionales d’être ratifié et d’entrer en application en France.
Marine Le Pen en pure jacobine extrémiste est également une ennemie jurée à toute forme d’autonomie ou de fédéralisme :
Dans l’exemple de la Corse, si par opportunisme électoral Emmanuel Macron s’est mis, par exemple, à parler d’un statut d’autonomie (mais surtout forcé à en parler à la suite de l’état insurrectionnel de l’île après la mort d’Yvan Colonna). Marine Le Pen, elle s’est déclarée opposée à toute idée d’autonomie de la Corse, refusant de voir selon elle, briser « l’intégrité du territoire français » surenchérissant que « la Corse doit rester française » (confondant visiblement un statut d’autonomie au sein de la France et l’indépendance). N’attendez donc pas une quelconque évolution et reforme territoriale qui permettrait, par exemple, de voir Nice se débarrasser de la tutelle marseillaise….
N'imaginez pas non plus espérer d’user du droit au RIC (que Mme Le Pen prétend proposer) afin de faire avancer la cause des langues régionales ou de l’autonomie… la candidate du FN/RN à d’emblée précisé qu’aucun référendum qui porterait « une atteinte particulièrement grave aux intérêts nationaux » ne pourrait être organisé (nous pouvons imaginer aisément, que les langues régionales ou un statut spécial d’un territoire, font partie de ces « atteintes particulièrement grave » selon les critères de Mme Le Pen)
Marine Le Pen est une ennemie mortelle des peuples annexés, si vous êtes sincèrement sensible à la cause des langues et identités régionales ou du principe d’autonomie des territoires; abstenez-vous de voter pour la candidate ultra jacobine, dans ces conditions vaut mieux voter blanc.
Mais quoi qu’il se passe le soir du 24 avril :
Dans une société française de plus en plus divisée, où le débat est remplacé par les polémiques stériles ; où l’hystérie et la haine prennent le pas sur le rationalisme et le dialogue ; des partis modérés traditionnels totalement décomposés, les extrêmes droite et gauche en hausse montrant qu’une partie des Français se radicalisent, (il suffit de voir le score des extrême droite et gauche au 1er tour). Il apparaît de plus en plus évidemment, quoi qu'il se passe le 24 avril, que ce pays deviendra ingérable et ingouvernable ; entre une moitié de la population qui ne reconnaîtra pas la légitimité due ou de la présidente(e) tandis que l’autre moitié lui jettera des pierres 6 mois après son élection…
Il devient plus que nécessaire pour le peuple Niçois de se désintoxiquer des partis politiques français qui le divise (et dans un sens, c’est le cas avec plus 68 000 Niçoises et Niçois qui se sont abstenues au 1er tour, faisant de l’abstention le premier parti de Nice). Il devient nécessaire de comprendre qu’il n’y a ne plus rien attendre des partis nationaux. Il est temps de prendre conscience pour les Niçoises et les Niçois que le salut de Nice ne viendra pas de Paris ou de Marseille mais de nous-mêmes.
La lettre du président #01 19/04/2015 : Propos de Jean-Marie Le Pen !
Dans une interview accordée à un journal d’extrême-droite, Jean-Marie Le Pen, en plus de ses tristes et habituels dérapages concernant la seconde guerre mondiale ayant provoqué cette fois le courroux de sa fille déclara également : « Nous sommes gouvernés par des immigrés et des enfants d’immigrés à tous les niveaux. Christian Estrosi et Eric Ciotti à Nice […] ce sont des gens dont les parents étaient italiens […] Valls est Français depuis trente ans, moi je suis Français depuis mille ans. ».
Jean-Marie Le Pen (qui est d’origine bretonne) se vante d’être « Français depuis mille ans » ? Cela serait un peu compliqué étant donné l’indépendance de la Bretagne il y a mille ans….
Loin de moi l’idée de défendre messieurs Estrosi ou Ciotti ou encore le Premier Ministre, ils sont assez grands pour se défendre tout seul mais les Niçois ayant des origines italiennes (et ils sont nombreux) peuvent se sentir concernés et visés par les propos du fondateur du parti ultra-jacobin, ce qui est mon cas ( mon arrière-grand père, fils d’immigrés italiens, s’appelait Pierre Cadopi, un nom encore dans la mémoire de beaucoup à Nice comme dans l’arrière-pays, puisqu’il avait une compagnie de cars desservant entre autre Ascros et la vallée de l’Estéron). De ce fait je me sens insulté comme pourrait l’être n’importe lequel d’entre nous.
Les propos méprisants de M. Le Pen laissent tout bonnement penser que les Niçois ayant des origines italiennes seraient des étrangers chez eux à Nice ! Et « l’italianité » et la « latinité » de Nice, composantes essentielles de notre identité, serait toute aussi étrangère ? L’identité niçoise s’est forgée au cours des siècles entre autre avec le Piémont avec qui le Comté de Nice était une des composantes des Etats de Savoie, comme des relations que nous entretenions avec nos voisins ligures ou l'influence sarde. Nice est française malgré elle depuis 155 ans (« un point de détail », comme dirait l'autre, dans les 2500 ans d'existence de notre ville) et les « niçois d'origines italiennes », loin de verser dans l'irredentismo, sont chez eux à Nice alors que certaines personnes se vantant d'être français « depuis mille ans » ne sont visiblement pas à leur place ici surtout en n'ayant pas honte de venir apprendre aux niçois qui ils sont et semblant nier nos 500 ans d'histoire commune avec la Savoie et le Piémont (il n'est plus à un négationisme près) ! Les propos de M. Le Pen rappelle comment les français traitèrent les Niçois en 1860 en les qualifiant « d’indigènes » avant l’annexion, puis « d’étrangers » lorsqu’ils refusèrent de devenir français après l’annexion : les Niçois deviendraient donc « étrangers » sur leurs propres terres !
Les propos du borgne rappelant aussi à quel point la France après l’annexion a toujours méprisés les Niçois en les qualifiant « d’italiens » de « ritals » ou de « pipis ». Cela rappelle la pression de la francisation depuis 1860 où l’on transforma les patronymes niçois pour leur donner une consonance moins « italienne » et avoir ainsi moins de problèmes avec la puissance annexante : les « i » ou « ï » se transformant en « y » par exemple, les prononciations changèrent et leurs significations même en étaient modifiées ; cette francisation forcenée depuis 1860 ne s’arrêtant pas aux seuls noms de familles, allait jusqu’à modifier des noms de lieu : par exemple notre bon vieux stade et son quartier passant de « Raï » à « Ray » changeant aussi la prononciation.
Les propos de Jean-Marie Le Pen ne sont ni un acte isolé ni un dérapage, ils reflètent la pensée générale d’un France méprisante à l’égard de Nice depuis l’annexion (après tout Napoléon III n’en a jamais rien eu à faire des Niçois. Son seul intérêt dans l’annexion était de posséder les contreforts alpins lui servant de boucliers aux frontières françaises).
Ne nous trompons pas, la fille et la petite-fille Le Pen (candidate aux régionales en PACA) n’ont rien à envier au patriarche, elles n’en pensent pas moins et sont toutes aussi sectaires que lui. Je me souviens encore, lors de la naissance de la fille de Nicolas Sarkozy et Carla Bruni leurs remarques sur le prénom à consonance italienne de l’enfant (Giulia), regrettant que les parents n’aient pas donné un « prénom français plutôt qu’un prénom italien » à leur fille. Sans défendre l’ex-président je ne vois pas en quoi donner un prénom italien à son enfant est gênant, encore plus à Nice où cela passerait inaperçu et serait au contraire un bel hommage à nos liens d’amitiés séculaires avec le Piémont ou la Ligurie mais aussi à nos racines latines (racines communes à bon nombre de peuples européens).
La famille Le Pen n’a pas qu’un problème avec les étrangers extra-européens mais avec n’importe quel peuple partageant pourtant les mêmes racines que leur chère France ! Si les Le Pen veulent des prénoms bien gaulois, je suggère à Marine et Marion de se débaptiser, le prénom de la première étant de racine latine, la deuxième d’origine hébraïques. Et si elles veulent des prénoms bien gaulois il faudra qu’elles se lèvent tôt pour en trouver (à moins d’ouvrir un album d’Astérix pour en chercher) car la majorité des prénoms dit « français » sont d’origines soit gréco-latines soit hébraïques…
Au final on se rend bien compte de l’incohérence du nationalisme ultra-jacobin du Front National. Et les Niçois auront à cœur de se poser cette question : comment un tel parti peut-il se prétendre défenseur d’une certaine « identité » contre « l’immigration et l’islamisation » et les dérives de la mondialisation alors qu’il tire à boulets rouges contre nos propres racines et notre propre identité ? Je rappelle que le FN considère la défense des identités et langues régionales comme du « communautarisme »...
Julien LLINARES, président du Parti Niçois