160 ans de l’annexion ; fêter une forfaiture malgré la crise et la période électorale.
Dimanche 14 juin, la ville de Nice fêtera le 160e anniversaire de l’annexion frauduleuse (que la mairie appel sobrement « l’union ») de Nice par la France.
Alors que nous pensions échapper à cette célébration car toujours en période de pandémie, que nous ne pouvons toujours pas nous rendre dans des théâtres, des salles de cinéma, tous les grands événements de l’été à Nice annulés… Et bien non ! Nous aurons droit à ça quand même !
Il semble pour Christian Estrosi qu’il était impensable de rater ça et qu’il était urgent malgré la crise de célébrer une forfaiture ! Forfaiture dont il est encore l’un des rares à croire à la fable du « roman national », qui voudrait que le peuple niçois en 1860 se soit volontairement et librement « offert » à la France…
Il était inenvisageable pour Christian Estrosi de rater la célébration d’un mensonge historique et la soumission de Nice à Paris dont le système pyramidal et hyper-centralisé, a montré, durant la crise sanitaire, à quel point il était à bout de souffle ! Un système jacobin déjà archaïque dans le « monde d’avant » qui n’a plus sa place dans « le monde d’après ».
Une célébration d’autant plus scandaleuse, car qui dit « évènement organisée par la ville », dit « organisé aux frais du contribuable », alors que beaucoup de Niçoises et de Niçois sont encore au chômage forcé par la pandémie, beaucoup de Niçoises et de Niçois inquiets ; l’avenir restant incertain car la crise économique (et social) consécutif au nouveau coronavirus, s’annonce déjà comme l’une des pires de l’Histoire…
Utilisation de l’argent des Niçois d’autant plus scandaleuse que nous sommes toujours en période électorale, à deux semaines du deuxième tour des élections municipales, une situation anormale qui ne semble émouvoir aucun des autres candidats aux municipales…
En effet, ses concurrents encore en lice pour le second tour (et même ceux du premier) sont étrangement silencieux, eux qui d’habitude ne ratent pas une occasion de réagir et critiquer les moindres faits et gestes de Christian Estrosi…notamment le candidat du Rassemblement National se déclarant être le premier et seul opposant du maire sortant (mais réalisant le pire résultat de l’histoire local de son parti depuis le début des années 2000) qui pourtant il y a 10 ans tout juste, organisa une manifestation avec son groupuscule pseudo-régionaliste pour « dénoncer » l’annexion de Nice (manifestation qui selon les critères de son propre parti, serai vue comme une « manifestation communautariste »).
Les concurrents d’Estrosi, représentant tous des partis parisiens, sont-ils si soumis au système jacobin ? Qu’ils préfèrent se taire et louper une occasion de descendre en flèche leur adversaire… plutôt que de passer, aux yeux de leurs partis, pour des « anti-patriotes » ou des « anti-français » en critiquant le maire sortant et la tenue de cette commémoration en période électorale ?
Crise des « Gilets Jaunes » : (enfin) une prise de conscience du problème jacobin ?
Cette crise inédite dont l’issue semble toujours incertaine (communiqué rédigé vendredi 7 décembre, veille d’un quatrième samedi de manifestation des gilets jaunes potentiellement à haut risque) a au moins le mérite de commencer à faire (enfin) prendre conscience du problème du système jacobin.
Le Figaro (pourtant loin d’être un journal « séparatiste », « anti-français » ou « antirépublicain ») dans un article datant de novembre 2017 intitulé « Pour une France prospère finissons-en avec l’état jacobin » nous pouvions lire :
« Conditionnés par quatre siècles de centralisation et de culture du chef miraculeux, nous avons fait de nos citoyens des anecdotes et de nos territoires de simples décors. Ces derniers sont devenus pour nos responsables politiques des lieux théoriques auxquels ils nient toute valeur d'exemple ou d'expérimentation. La nouvelle majorité au pouvoir [Emmanuel Macron] a amplifié cette vision centralisatrice et jacobine, qui consiste à transformer nos citoyens en simples spectateurs et à confier la décision politique à des experts non élus et loin du terrain. Elle est condamnée à l'échec tant cette vision est néfaste à une vraie réforme de l'Etat »
Prémonitoire s’il en est au regard de la situation actuelle…
Les « gilets jaunes » doivent impérativement prendre conscience, au risque de déplaire, que le problème ne s’arrêtera pas à Emmanuel Macron : le jacobinisme existait avant le président actuel et existera encore après lui tant que ce pays ne prendra pas conscience qu’il faut absolument changer de système : un système absolutiste décidant arbitrairement pour le reste du pays, qui en ne se remettant jamais en question est la cause d’une décolonisation sanglante, de la violence comme moyen de revendication jadis de la Corse jusqu’en Nouvelle-Calédonie et poussant aujourd’hui des dizaines de milliers de personnes exaspérés dans la rue et vers la violence.
Cette crise, d’une manière ou d’une autre se terminera mais il faut véritablement changer de système pour ne plus revoir à ce que l’on assiste actuellement.
Le philosophe Michel Onfray (qui n’a pourtant rien d’un indépendantiste) auteur en autre de « Décoloniser la province » critiquant le jacobinisme, expose sur son site internet concernant l’avenir des gilets jaunes qu’il faut « éviter la solution jacobine car, pour cette engeance centralisatrice et parisienne qu'est le jacobin, tout pouvoir procède d'une figure unique qui elle-même s'inspire du roi. Précisons que, lors des dernières présidentielles, tous les candidats étaient jacobins ! […] Les Républicains et le Parti Socialiste, La France insoumise et le Rassemblement national, le Modem et le Parti communiste français sont à mettre dans le même sac. Il n'y a donc aucune raison de faire confiance à cette classe politique jacobine, parisienne, mondaine, partidaire qui se trouve à l'origine du malaise qu'elle prétend désormais vouloir combattre... si on l'installe à nouveau au pouvoir! On ne peut créer les conditions du chaos depuis des décennies puis vouloir y mettre fin avec la politique qui a causé ces dégâts! »
La remise en cause du jacobinisme par les mouvements régionalistes / autonomistes / indépendantistes n'est pas qu'une "lubie" de séparatistes qui n'auraient que "haine de la France et de la république", mais pose un vrai problème beaucoup plus profond, que les « gaulois réfractaires » commencent doucement, espérons-le, à voir aussi.